Il s’est déroulé plus d’un quart de siècle depuis le début du génocide en 1994 qui a fait selon l’ONU plus de 800 000 morts. Aujourd’hui encore ce pays n’a pas encore enterré tous ses morts. Avec l’arrestation en France en 2020 d’un des commanditaires présumés de ce massacre Félicien Kabuga, c’est du côté de la Haye où est emprisonné l’ancien président de la radio télévision Mille Collines que tous les regards sont tournés. Un procès qui semble houleux depuis l’annonce de Me Emmanuel Altit de son souhait de se retirer de l’affaire !
Le génocide rwandais : un évènement majeur du XXe siècle
L’histoire de l’humanité reste à jamais marqué par ce génocide de la fin du XXe siècle. Issu d’une guerre civile qui a fait des morts de part et d’autre, le génocide a quant à lui fait bien plus de victimes dans la communauté tutsi. Alors qu’en est-il aujourd’hui de la mémoire de ce massacre ? Le pays a t-il pu se reconstruire ? Il semblerait qu’un nouveau fossé se soit creusé entre les différentes ethnies et cela malgré la constitution rwandaise établie par un référendum en 2003 qui interdit les anciennes références ethniques. Car un ressentiment sous-jacent bouillonne de la part de ces communautés qui se sentent toujours lésées. Constituée des rescapés tutsis, de tutsis revenus d’exil, d’anciens génocidaires hutu et bien évidement d’hutu qui n’ont commis aucun crime, la société rwandaise se retrouve avec des tensions qui rappellent un peu celles avant la guerre civile. Certains rwandais et observateurs étrangers ont peur que le Rwanda ne glisse à nouveau dans d’anciennes idéologies politico-ethniques. Un risque qui n’est malgré une mémoire encore vive, écarté.
Une société totalement déstructurée
La question qui se pose est la suivante, le procès de Félicien Kabuga, financier présumé de ce génocide n’amènerait-il pas plus d’éclaircissement et un apaisement à cette population aujourd’hui totalement déstructurée et meurtrie ? Transféré à la Haye où il attend son procès pour des chefs d’accusation tels que « génocide, complicité de génocide, incitation à commettre un génocide et crimes contre l’humanité… » cet ancien homme d’affaires très proche de l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana réfute ces accusations. Représenté depuis le début devant le Mécanisme par l’avocat français Emmanuel Altit, ce dernier a quant à lui exprimé dernièrement le souhait de se retirer du dossier. Par surcroit, Félicien Kabuga devrait se constituer une nouvelle équipe d’avocats pour sa défense.
Avec un procès très attendu que ce soit bien évidemment au Rwanda, en France et par extension dans le monde entier, il permettrait peut-être à toute une partie de la population rwandaise 28 ans après d’enfin avancer dans leur reconstruction.
